XIX/ Etudes sur l'hygiène naturelle infantile :

A/ Partie concernant l’HNI 
B/ Partie concernant l’apprentissage de la propreté (je n’aime pas ce mot, mais je respecte le contexte historique, et donc sinon l’Accompagnement vers la Continence
C/ Informations qui concernent l’HNI ET l’Accompagnement vers la Continence 
 
Conclusion


Je ne relève pas ici toutes les études : je ne cite que celles qui peuvent aider les parents à mieux comprendre ce qui se passe avec bébé, mieux discerner ses besoins et ajuster si nécessaire pour que la communication se fasse au mieux.

 

A/ Partie concernant l’HNI :

Bébé de 0 à 3 mois a un réflexe (Z. V. Tsaregradskay, créatrice du centre d’éducation périnatale de Moscou) : il fait l’expérience à la naissance d’un spasme des sphincters qui l’effraie et lui fait mal. Lors des 3 premiers mois, ce spasme revient à chaque élimination, ce qui fait pleurer bébé. Après 3 mois l’enfant contrôle plus ou moins ses sphincters.
Une autre étude sur la résistance de la vessie aux pressions indique aussi ce contrôle des sphincters (GLADH et AL. 2000).

Il me semble que c’est pour cette raison, en plus d’une plus grande disponibilité des parents les premières semaines de vie de bébé, que beaucoup de parents captent mieux les signes jusqu’à 3 mois. C’est peut-être aussi une explication des coliques qui disparaissent dès que les parents se mettent à pratiquer l’HNI avec leur nourrisson.

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Une étude de Richards, sur les enfants vietnamiens vs suédois, concerne l’HNI. Elle indique une continence des bébés au Vietnam à 6 mois, et une vidange complète de la vessie à 9 mois, contrairement à 36 mois pour 50% des suédois en couches.

Z. V. Tsaregradskay recommande d’user des couches avec modération car celles-ci freineraient considérablement la croissance de la vessie et son développement. Les données d’urologues modernes indiquent que les enfants qui ont porté des couches jetables en permanence atteignent l’âge d’un an avec une vessie de la taille de celle d’un nouveau-né.

La maturation vient en restant connecté à ses ressentis, en communiquant à ce sujet pour que bébé puisse comprendre ce qui se passe dans son corps, et en se servant de cette partie du corps. C’est un peu comme si on porte une attelle pendant des années, nous aurions besoin d’entrainement pour pouvoir à nouveau nous servir de nos muscles, et qu’ils retrouvent une pleine capacité. Ce parallèle aide à mieux comprendre les enjeux de laisser un maximum bébé sans couches. On peut faire tout nu ou avec des vêtements adaptés à l’HNI car il a été démontré que ceux-ci ne gênent rien. Je souligne ici que c’est le duo communication + pas de couches lavables ou jetables qui permet de faciliter l’HNI.

Ainsi, si la communication ne fonctionne pas avec bébé, pensez vraiment à opter pour une protection beaucoup plus légère et sans entrave (pas de body ni grenouillère) mais plutôt une paire de jambières et un tee-shirt avec un simple lange à l’entrejambe ou une culotte ou short d’entrainement. Ainsi bébé ressent mieux ce qui se passe, donc communique, et vous voyez les signes, donc vous proposez au bon moment, et tout le monde se sent compétent.
C'est un peu comme une attelle : on attend d'en être libéré pour s'occuper de muscler cette partie de son corps et le corps se focalise sur les autres acquisitions moteur. On se désintéresse.
Si bébé ne sent pas bien les choses qui se passent à l'intérieur comme à l'extérieur de lui, il ne va pas les communiquer. Le parent ne reçoit plus de signes et va commencer à s'épuiser à proposer au mauvais moment. Autant on se sent compétent quand on y arrive à peu près, autant on se sent dévalorisés et on perd confiance et patience si la communication est rompue. Si, en plus, on se retrouve à proposer le pot à bébé en se servant d'un système de protection compliqué : défaire la grenouillère, détacher le body, enlever la couche, la poser et tout remettre ensuite. D'autant que cette manip' nécessite souvent des déplacements jusqu'à un lieu de change adapté. Et l'enfant s'énerve de ne partager avec le parent que cette activité de change qui ne l'intéresse plus, et s'énerve et finit par refuser. Alors là hop, on enfile un système plus adapté (fin lange, paire de jambières et tee-shirt par exemple) et on se recentre sur des activités qui reconnectent : jeux, lecture, câlins, massage, chanson, préparer un repas ensemble, etc. Et là ça redevient plus léger ! 
Une grande partie des questionnements de parents tournent autour de ce sujet lors des ateliers. C'est très intéressant de déconstruire cette crainte de "l'accident" et de faire confiance à la relation (surtout qu'il y a des "loupés" qui nous font invariablement douter !!)

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Simone Rugolotto (que l’étude de Boucke vient confirmer) en 2008, est italienne, pédiatre, généticienne et néo-nataliste, et est à la société italienne de chirurgie colo-rectale (SICCR) : https://www.siccr.org/wp-content/uploads/2015/08/toilet_training_july_2015_en.pdf
L’étude ne portait que sur les bébés qui ont commencé avant 12 mois.
En commençant avant 1 an, 90% des bébés émettaient des signaux quand ils avaient besoin d’éliminer, et seulement 12% refusaient le pot.
Ceux qui ont commencé avant 6 mois ont été continents plus tôt.
Les bébés en HNI étaient continents entre 15 et 17 mois.
Ceux qui ont montré un refus de pot depuis le début ont mis plus de temps que ceux qui n’ont montré aucun refus de pot.
Ceux qui ont montré des signaux plus tôt ont été continents plus tôt.
Aucun effet secondaire n’a été constaté pour tous ces bébés.
Utilisation de jetables et commencer après 1 an a montré un retard du contrôle de la vessie et de l’intestin.
Pour S. Rugolotto, le Dr. Brazelton a indiqué 18 mois pour commencer « l’apprentissage du pot » pour éviter les ratés et éviter d’entamer l’estime des enfants comme des parents.
Si on commence l’apprentissage après 3 ans de couches (donc le facteur âge et couches jetables combinés), il y a de très gros risque d’énurésie et de constipation.
S. Rugolotto distinguent 2 types de « toilet training » : ceux qui commencent dès le 1er mois (assisted infant toilet training), et ceux qui commencent après 18 mois.
L’HNI convient à tous les bébés mais pas à tous les parents car cela demande du temps.
Babysitter et grand-parents soutenaient la démarche des parents.
Il a été noté que l’HNI améliore la relation entre bébé et maman car la maman comprend mieux son bébé.
Personnes importantes qui ont parlé de l’HNI : Thomas Ball, pédopsychiatre auxUSA, et en 1977 Martin Devries, psychiatre à Maastricht. Devries, en 1978, mène une étude en Jamaïque et en Inde. Puis en 1985 il mène une autre étude en Italie à Modène qui a prouvé qu’on pouvait contrôler ses sphincters avant l’âge d’1 an. En 1991 à nouveau une autre étude sur l’HNI au Cambodge. En 2004 Rugolotto a fait une étude sur un cas italien avec l’HNI qui a commencé à 33 jours et le bébé était continent à 5 mois, et l’équipe l’a suivi pendant 13 ans. Ils ont constaté n’y a eu aucun effet secondaire.
Nulle part, quelque soit l’endroit étudié sur terre, nous n’avons trouvé d’effet secondaire à l’HNI, indique S. Rugolotto.
Faire l’HNI la nuit en plus du jour a un impact très positif aussi. Les bébés qui signalent le jour leur besoin d’éliminer sont 3 fois plus aptes à être continents la nuit.
Commencer l’apprentissage du pot après 2 ans augmente les cas d’énurésie et de constipation.
Veiller à ce qu’il n’y ait pas de constriction, de punition, pas de timing incohérent, pas de dressage sur le pot, pas de gestes coercitifs etc.

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Etude des parents 05-06/2020 :
- Pour mieux capter les selles : mieux vaut ne pas mettre de couche, qu’elles soient lavables ou jetables.
- Pour mieux capter l’urine : mieux vaut lavables que jetables.
- Efficacité plus grande de la mise en place de l’HNI quand la pratique est à temps plein qu’à temps partiel.
- Bébé communique intentionnellement ses besoins d’élimination vers 12 mois (et entre 9 et 17 mois pour la majorité).
- Plus on commence tôt et plus bébé signale, plus c’est rapide.
- Grève du pot : 50% des bébés n’ont pas fait de grève du pot. Pour les 50% qui en ont fait : 56% l’ont fait 1 fois vers 12 mois en moyenne (centrés entre 8 mois et 15 mois), 23% ont fait 2-3 fois le refus du pot, 10% plus de 3 fois, 9% des parents n’ont pas répondu. Si on ne prend en compte que les enfants de plus de 14 mois : 75% ont fait au moins 1 grève. 13% des parents ont arrêté un court moment à cause de la sensation d’échec et ont repris après. Seuls 2% ont définitivement abandonné.

CONTINENCE :
De jour :
- Continence des selles à 6 mois le plus souvent (entre 6 et 17 mois pour la majorité)
- Continence de l’urine à 18 mois le plus souvent (entre 17 et 22 mois pour la majorité)
De nuit :
- Continence des selles à 6 mois le plus souvent (entre 4 et 11 mois pour la majorité)
- Continence de l’urine à 20 mois le plus souvent (entre 13 et 22 mois pour la majorité)

- La majorité des parents a trouvé l’HNI satisfaisant et peu fatigant, mais la majorité sont des parents « à la maison ».


B/ Partie concernant l’apprentissage de la propreté :

Brazelton : si on commence entre 18 et 24 mois, bébé est continent à 28 mois environ. Attention, pas de méthode coercitive (objet introduit, dressage).

L’étude d’Oppel et Harper indique une médiane et non une moyenne, les enfants ne sont donc pas forcément continents plus tôt que dans l’étude de Brazelton.

Taubmann en 1997 indique qu’il faut commencer avant 2 ans, sinon l’apprentissage dure trop longtemps. Si on commence après 4 ans, il y a 73% d’encoprésie primaire, et de la constipation.

Etude Belge montre que :
L’incitation forcée a peu d’impact sur la durée d’apprentissage qui est de 6 mois en moyenne quoiqu’il arrive.
Elle ne montre pas grand-chose d’autre car la méthode d’apprentissage, le type de couches utilisées et la place prise par le patriarcat ont beaucoup évolués sur un siècle et ne sont donc pas des facteurs permettant une comparaison congruante. Et il y a trop de paramètres pour en isoler un correctement.

L’étude de Schum en 2001 révèle l’impact de la pub pour la grande entreprise de couches jetables : depuis 1962, la publicité a établi la croyance que l’enfant ne peut pas être continent plus tôt que 2-3 ans. La facilité d’utilisation des jetables a également convaincu une très large majorité des parents.

 

 

C/ Informations qui concernent l’HNI ET l’Accompagnement vers la Continence :

Bakker : attention au « guarding reflex » : la méthode utilisée pour apprendre à aller sur le pot ne doit pas indiquer de se retenir. Et commencer l’apprentissage de la continence après 18 mois augmente le guarding reflex.

Etude de Blum, Taubmann et Nemeth de 2003 :
- l’étude indique que les bébés en HNI sont à 0% de constipation.
- si on reporte l’apprentissage du pot car l’enfant refuse, ça n’a pas d’impact. Quand il y a un report, c’est jusqu’à 27 mois, donc juste décaler jusqu’à 3 mois maximum. Mais il ne faut pas dépasser 4 ans quoiqu’il arrive.
- si on commence plus tôt que 18 mois : bébé aura toujours 6 mois d’apprentissage.
- on ne devient pas propre, on l’apprend. Nécessité de l’apprentissage.

Continence-uk.com :
Routine du pot : mettre dans l’environnement de bébé le pot dès que possible.
Aménager l’espace et proposer le pot quand bébé signale son besoin, au bon moment.

Conclusion :

Toutes ces études montrent qu’on peut pratiquer l’HNI en étant rassurés sur l’impact positif que cette communication va apporter à l’enfant. Elles montrent l’avantage de l’HNI et même l’HNI partielle. Donc mieux vaut un peu que pas du tout, c’est toujours un avantage pour bébé et votre relation. Mieux vaut également éviter les couches et opter pour des protections adaptées à l’HNI (voire pas de protection, c’est le même résultat qu’avec des protections dédiées).
L’HNI fonctionne : il n’y a pas d’effets secondaires, bébé est continent de jour vers 17 mois et de nuit vers 15 mois, et les parents sont satisfaits et n’ont trouvé la pratique ni trop longue ni trop fatigante.
Cependant ce n’est pas pour tous les parents vu notre société occidentale, chacun fait bien de veiller à respecter ses limites.

Pour l’Accompagnement vers la Continence, c’est-à-dire pour les parents qui ont mis des couches (lavables comme jetables) à leurs enfants, les études indiquent que ça ne sert à rien d’attendre, qu’on peut commencer à mettre en place l’environnement et les habits un peu avant 18 mois et commencer à soutenir l’enfant dans cette acquisition de la continence à partir de 18 mois, sans attendre les 2-3 ans.

Je remarque aussi que l’HNI a été pratiquée en France par de nombreux parents durant la période antérieure à Brazelton. Les grands-parents interrogés m’avaient décrit leur façon de proposer le pot à bébé et la très grande majorité n’avaient pas du tout de gestes coercitifs. C’était le bon sens de proposer ailleurs que dans la couche quand ils voyaient que bébé allait faire.

Quelques ajustements sur le vocabulaire qui diffère dans chaque pays, et qui peut être un écueil à la compréhension des textes que vous lirez. Ainsi en France, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en Italie, etc nous n’utilisons pas les mêmes mots et nous ne mettons pas les mêmes concepts derrière.
La grève du pot en France et en Allemagne est vu comme une étape importante dans la motricité de bébé qui vient accaparer toute son attention et son énergie. Ce n’est donc pas une grève volontaire mais bien une étape physiologique qui mène petit à petit vers l’autonomie et la continence. Donc j’invite les parents qui traversent cette phase à respecter cette étape avec l’assurance que, dans la très grande majorité des cas, tout revient dans l’ordre au rythme de l’enfant.
L’Accompagnement vers la Continence est venu en France faire évoluer l’expression « apprentissage de la propreté ». Ces mots ont fait écho auprès des parents qui avaient mal vécu leur propre apprentissage de la propreté et qui ont cherché une façon plus respectueuse de soutenir bébé dans son acquisition de la continence. Cela concerne les enfants qui ont quasiment toujours porté des couches et dont les parents commencent vers 18 mois tout en ayant installé un peu en amont un pot et aménagé l’environnement pour cette nouvelle étape. Ainsi dès que bébé est intéressé par les propositions de pot, tout est en place et peu commencer sereinement. L’idée est de communiquer dans le but d’atteindre la continence au rythme de l’enfant. En HNI c’est vraiment la communication qui est au cœur de cette pratique, et pas le but de continence même si c’est un des effets avérés parmi tant d’autres.

Il existe également des études sur le rapport à la sexualité pour un bébé qui porte des couches et l’impact de l’HNI dans ce cadre. Je l’écrirai plus tard.

Si l’HNI demande du matériel, il n’est pas indispensable d’en acheter. Vous pouvez en fabriquer, en trouver d’occasion, échanger avec d’autres parents, etc. Penser qu’on peut pratiquer l’HNI sans rien est en revanche très souvent un biais cognitif lié à des envies enthousiasmantes de décroissance. Je souhaite rallier ici les deux qui ne sont pas du tout incompatibles. Avoir le matériel nécessaire pour respecter vos limites vous permettra de mieux communiquer avec bébé, de réduire vos attentes, de rester serein et à l’écoute. La communication au cœur de la pratique, pas la décroissance.

Et la première chose à laquelle penser quand vous sentez que vous n’y arrivez plus, que bébé ne signale plus, et que ce n’est plus fluide : passer du temps avec votre bébé, massage, câlin, portage, bain ensemble, jeux, lecture, etc. Tous ces précieux moments aident à réinvestir la relation et tout rentrera dans l’ordre bien vite dans la grande majorité des cas.