V/ Qu’est-ce que « l’apprentissage de la propreté » ?  

 

De nombreux adultes au fil des ateliers ont expliqué comment ils avaient eux-mêmes vécu cette période, et l’expression recèle beaucoup de tensions, d’incompréhensions, un rapport de force, etc. Il fallait trouver de nouveaux termes pour envisager une nouvelle façon de faire, pour ouvrir les possibles et repartir sur le rythme de l’enfant et non du rythme de la société ou des adultes.

Cette expression renvoie en effet à des méthodes qui consistent à imposer à bébé d’apprendre la continence parce que l’adulte en a décidé ainsi. C’est tant mieux si ça intéresse bébé, mais pas nécessaire pour commencer. On valide juste sa capacité physique : l’âge est un indicateur, et réussir à monter les escaliers, à courir. L’objectif est qu’il soit prêt pour la maternelle donc continent de jour dans un premier temps, ou bien parce que la saison estivale s’y prête. En effet, le parent est plus disponible, le linge sèche plus vite, bébé n’aura pas froid.

L’objectif de « l’apprentissage de la propreté » est la continence et l’intention est l’obéissance.

Ensuite on explique parfois le processus à bébé. S’il a une fratrie ou un mode de garde collectif, il devra plutôt comprendre par lui-même ce qui est attendu et on misera sur l’imitation pour qu’il saisisse ce qui est attendu.
On achète le pot sur lequel il restera assis aux horaires réguliers indiqués par le pédiatre. Il sera assis jusqu’à ce qu’il ait fait quelque chose dans le pot, mais pas trop longtemps quand même. Vient le système de punition/récompense qui est sensé encourager le comportement attendu. Le parent s’énerve souvent si l’enfant n’arrive pas relativement rapidement à être continent. Le parent n’a pas l’information du fonctionnement et développement de bébé pour lui permettre de mieux comprendre et interagir. Parfois des remarques de découragement et d’énervement du parent fusent, ce qui dévalorise bébé, l’humilie.

C’est ce que représente l’expression « apprentissage de la propreté » dans l’imaginaire collectif des parents. J’ai pu constater en discutant avec les amis, et durant les ateliers avec les parents que bon nombre d’entre eux ont dû suivre cette méthode étant bébé, et l’ont vécu comme une épreuve très désagréable qu’il fallait surmonter pour que tout le monde nous apprécie. Rester sur le pot 15-20 minutes sans savoir quoi faire, ne pas comprendre pourquoi on n’a plus le droit aux couches subitement, se sentir rejeté et incompétent.
On est bien loin des méthodes coercitives post années 1950, mais les enfants devenus parents se retrouvent avec ce seul modèle, et bien peu de ressources informatives qui auraient évoluées.

Il s’agit maintenant de repenser notre approche, de proposer d’acquérir la continence en collant au mieux au rythme de bébé, de faire preuve d’empathie, avec douceur, sereinement.