|
I/ INTRODUCTION :
Beaucoup de parents profitent de l’arrivée prochaine de leur bébé pour réfléchir sur la façon dont ils vont l’accueillir. Il m’a semblé important d’aborder le sujet de l’hygiène naturelle des bébés ou hygiène naturelle infantile (HNI), de vous apporter un début de réflexion sur ce thème.
Je suis Christina, maman de quatre enfants en HNI, et Artisan d’Art créatrice de la marque Ecopitchoun, animatrice d’ateliers et conférence depuis 2006 sur différents thèmes de la parentalité : signes avec bébé, portage, Faber et Mazlish communication parents-enfants-adolescents, sur le placenta, l’alimentation crue, l’écologie, l’hygiène naturelle infantile et l’accompagnement vers la continence. Également fondatrice de l’association Papoti-Papota qui propose des ateliers parents-enfants sur Béziers depuis 2009.
J’ai le plaisir à réécrire les textes que j’avais mis sur le site car les mentalités ont tellement évolué depuis 2004 quand j’ai commencé à en parler autour de moi ! Je constate maintenant, avec ce petit recul, que vous êtes de plus en plus nombreux à vous questionner, échanger, vous informer, et que les idées avancent super vite. Ça a été une période propice aux questionnements de nos rapports avec les plus jeunes, et ce mouvement n’a pas l’air de s’essouffler 😊 Alors je mets à jour, en donnant plus d’informations adaptées aux nouveaux parents.
BIBLIOGRAPHIE :
Vous pourrez approfondir le sujet de l’Hygiène Naturelle Infantile en lisant ces livres :
"Conseils et astuces pour élever son enfant sans couches (ou presque)", de Carine PHUNG disponible ici sur le site Ecopitchoun en téléchargement et peu couteux. Cet ouvrage est très complet, apporte des pas-à-pas, des patrons de couture.
« Sans couches, c’est la liberté », d’Ingrid Bauer, aux Editions Instant Présent. C’était le premier livre traduit en français sur le sujet. Il a inspiré de nombreux parents et vous aide à vous relier à votre instinct profond.
Et vous pouvez compléter un de ces livres par le Cahier Guide HNI Ecopitchoun de Christina Burjade-Crozel. Une fois que vous avez lu un des deux livres ci-dessus, vous n’avez pas forcément le temps de vous replonger dedans quand bébé est là et que vous êtes dans le feu de l’action. Avec ce guide vous avez accès rapidement à un rappel qui ne va pas dans tous les détails, qui vous rappelle les grandes lignes et vous remotive, c’est très pratique. A l’intérieur pas mal d’astuces qui ne sont pas dans les livres, et qui vous permette une application au quotidien : des outils pratiques, des phrases encourageantes, les principaux écueils et comment y faire face concrètement. D’autre part, c’est un cahier. Garder une trace écrite de ce que vous avez vécu avec votre bébé, en écrivant les étapes par lesquelles vous êtes passés, permet aussi une transmission et une mémoire très sympa. Ainsi vous pourrez coller des photos, annoter des remarques, voir tout le chemin parcouru.
« L’hygiène naturelle de l’enfant » de Sandrine Montrocher-Zaffarano, aux Editions Jouvence. C’est un petit livre des Editions Jouvence, très concis, et ce format est précieux : il vous permet d’avoir une première approche sur le sujet, de présenter l’HNI aux collectivités, à la famille… car il est court donc rapide à lire et balaye les principales questions que le quidam se posent.
II/ Qu’est-ce-que l’hygiène naturelle infantile (HNI) ?
Nous allons tout d’abord définir un vocabulaire commun pour faciliter la communication. Les âges indiqués ne servent qu’à faciliter la compréhension commune et ne sont pas un critère indicateur de retard ou d’avance de bébé.
Un bébé a besoin d’accompagnement vers la continence de la naissance jusqu’à ce qu’il soit prêt. Il existe plusieurs moments et façons de faire : - de 0 à 18 mois : on parlera alors d’Hygiène Naturelle Infantile. - à partir de 18 mois : on parlera d’accompagnement vers la continence. Je préfère cette expression à « apprentissage de la propreté » qui renvoie à une intention différente et un objectif différent de ce dont je vais parler.
Les mois indiqués dans ces textes informatifs le sont uniquement à titre indicatif, pour faciliter la compréhension, et votre bébé n’a pas à rentrer dans ces cases d’âges. Il n’y aura donc ni retard, ni avance, juste que chacun est différent et va donc expérimenter différentes façons de faire, différentes acquisitions, et que tout est très bien ainsi.
En Hygiène Naturelle Infantile, il s’agit de répondre aux besoins d’élimination de votre bébé. Vous pouvez utiliser 6 grands axes qui sont complémentaires : - en étant attentif à ses besoins : savoir quel est le développement physiologique dans le temps d’un bébé en HNI (différent d’un bébé qui porte des couches) et où se situe son bébé, - en répondant à ses signaux : si un nouveau-né indique par des mimiques et des sons quand il va faire pipi ou caca, un bébé pourra quant à lui montrer des objets, utiliser des gestes, arrêter son jeu, et quand il aura encore un peu grandi il utilisera des signes de la LSF (si vous les utilisez), des mots, des comportements. La communication va bien entendu évoluer au fil de son développement. - en vous fiant à un « timing » : il y a des moments propices selon l’âge de bébé. - en vous fiant à votre instinct : au bout d’un moment de pratique, une forme de connexion s’installe. On pense que c’est le moment sans savoir vraiment expliquer pourquoi. Un peu comme en allaitement quand on a une montée de lait alors qu’on est loin de bébé, en déplacement loin du foyer parfois. - et en utilisant des outils de compétence parentale : le Dunstan baby Language, les signes avec les bébés, - Et surtout en respectant ses propres limites pour que la communication se mette en place sereinement.
Ces six grandes lignes vous permettent de lui proposer un endroit où éliminer, et lui signaler que c’est le moment de se détendre par un son, un mot. Créer ainsi un autre lien de communication qui renforcera la relation parent-enfant, une meilleure compréhension. Respecter la croissance de l’enfant, respecter son rythme en lui proposant au moment qui lui correspond. Bébé aborde alors le chemin vers la continence au moment de l’acquérir spontanément.
L’hygiène naturelle infantile (HNI) n’est pas : L'hygiène naturelle infantile n'est pas une méthode, une façon d’apprendre la continence à un bébé. L’hygiène naturelle infantile (HNI) ne consiste pas à laisser son bébé éliminer n’importe où et nettoyer à sa suite, ni à le laisser tout le temps se faire dessus et le changer. Il ne s’agit pas non plus d’une méthode coercitive qui obligerait l’enfant à se retenir : les parents s’adaptent à l’évolution de bébé, donc prennent en compte que son corps n’a pas la maturité de se retenir.
Au cœur de l’HNI se trouve surtout la coopération mutuelle, l’envie de grandir ensemble, d’apprendre au contact de bébé et d’évoluer avec lui.
L’objectif d’accompagner vers la continence est que bébé reste conscient de son corps et de ses ressentis et qu’il acquiert la continence à son rythme, l’intention est la communication. Nous sortons du rapport dominant / dominé dans lequel se retrouvent souvent les familles qui font « l’apprentissage de la propreté ».
Mais alors, qu’est-ce que l’apprentissage de la propreté et en quoi se différencie-t-elle de l’accompagnement vers la continence ?
III/ Qu’est-ce que « l’apprentissage de la propreté » ?
De nombreux adultes au fil des ateliers ont expliqué comment ils avaient eux-mêmes vécu cette période, et l’expression recèle beaucoup de tensions, d’incompréhensions, un rapport de force, etc. Il fallait trouver de nouveaux termes pour envisager une nouvelle façon de faire, pour ouvrir les possibles et repartir sur le rythme de l’enfant et non du rythme de la société ou des adultes.
Cette expression renvoie en effet à des méthodes qui consistent à imposer à bébé d’apprendre la continence parce que l’adulte en a décidé ainsi. C’est tant mieux si ça intéresse bébé, mais pas nécessaire pour commencer. On valide juste sa capacité physique : l’âge est un indicateur, et réussir à monter les escaliers, à courir. L’objectif est qu’il soit prêt pour la maternelle donc continent de jour dans un premier temps, ou bien parce que la saison estivale s’y prête. En effet, le parent est plus disponible, le linge sèche plus vite, bébé n’aura pas froid. L’objectif de « l’apprentissage de la propreté » est la continence et l’intention est l’obéissance. Ensuite on explique parfois le processus à bébé. S’il a une fratrie ou un mode de garde collectif, il devra plutôt comprendre par lui-même ce qui est attendu et on misera sur l’imitation pour qu’il saisisse ce qui est attendu. On achète le pot sur lequel il restera assis aux horaires réguliers indiqués par le pédiatre. Il sera assis jusqu’à ce qu’il ait fait quelque chose dans le pot, mais pas trop longtemps quand même. Vient le système de punition/récompense qui est sensé encourager le comportement attendu. Le parent s’énerve souvent si l’enfant n’arrive pas relativement rapidement à être continent. Le parent n’a pas l’information du fonctionnement et développement de bébé pour lui permettre de mieux comprendre et interagir. Parfois des remarques de découragement et d’énervement du parent fusent, ce qui dévalorise bébé, l’humilie.
C’est ce que représente l’expression « apprentissage de la propreté » dans l’imaginaire collectif des parents. J’ai pu constater en discutant avec les amis, et durant les ateliers avec les parents que bon nombre d’entre eux ont dû suivre cette méthode étant bébé, et l’ont vécu comme une épreuve très désagréable qu’il fallait surmonter pour que tout le monde nous apprécie. Rester sur le pot 15-20 minutes sans savoir quoi faire, ne pas comprendre pourquoi on n’a plus le droit aux couches subitement, se sentir rejeté et incompétent. On est bien loin des méthodes coercitives post années 1950, mais les enfants devenus parents se retrouvent avec ce seul modèle, et bien peu de ressources informatives qui auraient évoluées. Il s’agit maintenant de repenser notre approche, de proposer d’acquérir la continence en collant au mieux au rythme de bébé, de faire preuve d’empathie, avec douceur, sereinement.
IV/ QU’EST-CE-QUE LA CONTINENCE ?
Il y a de nombreuses définitions de la continence selon les parents, les habitudes de la société dans laquelle ils évoluent. Je vous mets plusieurs réponses typiques : Quand l’enfant est capable de garder sa culotte propre dans le cadre de la maternelle ? Quand bébé fait sur le pot quand on le met dessus à heures fixes, et qu’il ne fait pas en dehors ? C’est le moment où l’enfant va porter des culottes sans faire pipi dedans ? Quand il est capable d’identifier son besoin, de se retenir, d’aller de lui-même aux toilettes ? Quand bébé demande à aller au pot quand il a besoin ? Quand bébé ne se fait plus dessus de nuit comme de jour ? Quand il va sur les toilettes des grands ? Il y a de nombreuses définitions qui varient selon chacun, selon nos attentes, selon ce qu’on imagine, etc.
D’où l’utilité de décortiquer un peu ce qui est mis derrière ce mot, mieux comprendre ce que dit chacun.
Bien que ce ne soit pas exhaustif, voici différents points qui sous-tendent le mot continence : - La propreté : faire sur soi ou à un endroit dédié. - La capacité physique : être capable de se retenir, et combien de temps. - Suivre un rythme indépendant du sien : l’école par exemple. - Rester sec de jour et de nuit. - Bébé émet une demande à laquelle l’accompagnant répond. - Autonomie : aller seul sur le pot ou avoir besoin d’être accompagné, savoir gérer les habits. - Acquisition : c’est une étape complètement acquise.
Alors je suis partie sur cette définition : La continence ? Quand une personne fait ses besoins aux toilettes, de jour comme de nuit, sans avoir besoin d’aide, et maîtrise suffisamment son corps pour parvenir à se retenir raisonnablement et à s’adapter au rythme imposé par la situation, et ce depuis un temps assez long pour signifier que c’est acquis (environ 6 mois).
V/ Mais alors que serait l’accompagnement vers la continence ?
A partir de 18 mois car c’est le moment où la plupart des parents commencent à enlever la couche. Et après, que dirions-nous ? Jusqu’à 3 ans ? de 3 à 5 ans environ 50% des enfants sont incontinents… Alors jusqu’à 5 ans ? Après on parle d’énurésie mais ce n’est pas considéré comme une maladie. Alors jusqu’à ce que l’enfant soit continent* et non une date.
*Pour rappel, la continence c’est quand une personne fait ses besoins aux toilettes, de jour comme de nuit, sans avoir besoin d’aide, et maîtrise suffisamment son corps pour parvenir à se retenir raisonnablement et à s’adapter au rythme imposé par la situation, et ce depuis un temps assez long pour signifier que c’est acquis (environ 6 mois). Actuellement la société est encore dans une phase où faire pipi passé un certain âge est un problème, probablement parce que le sujet est tabou et que l’histoire dont on hérite nous fait dire que de bons parents (avant on parlait de « bonnes mères », entendre mère compétente et acceptable socialement) doivent avoir un enfant continent. Seulement voilà, quand je questionne sur cet âge, là c’est impossible à définir, chacun a un âge en tête différent de son voisin, et si je leur demande de définir un âge ensemble quand ils sont en groupe alors c’est la moyenne qui l’emporte. Quand la parole se libère, chacun a des exemples de jeunes qui ont fait pipi plus ou moins tard, et tous témoignent que l’enfant ne le faisait vraiment pas volontairement, que les parents ont tout essayé, etc. Et au bout de cette discussion, si c’est la moyenne qui l’emporte, c’est en tout cas entendu pour tous qu’il y a plein de cas d’enfants incontinents (et pas qu’un seul) et que ce n’est ni sale, ni la faute des parents, et que personne ne sait déterminer efficacement d’où cela pouvait venir sauf dans les cas de maladie avérée. Autrement dit, la discussion libère des préjugés, fait avancer la réflexion, et on gagne au final en ouverture d’esprit, on sort du tabou pour chercher des solutions. En effet, c’est tout de même dommage que des jeunes souffrent socialement à cause d’un tabou dont on pourrait facilement se défaire en discutant plus. La Youtubeuse Natoo a abordé ce sujet, et je la remercie grandement de dédramatiser et parler franchement.
L’accompagnement vers la continence commence à 18 mois et jusqu’à ce que l’enfant soit continent, peu importe son âge. Il s’agit de prendre en compte le rythme de l’enfant et sa physiologie, de s’informer sur le développement de l’enfant, de préparer environnement, habits et matériel. Puis d’expliquer à son enfant, échanger sur le sujet, et faciliter son accès à l’autonomie. Objectif étant que l’enfant prenne pleinement conscience de son corps et de ses ressentis et qu’il acquiert la continence à son rythme. L’intention est de communiquer, en se positionnant comme facilitateur.
VI/ L’hygiène naturelle infantile (HNI) est-elle une idée farfelue ?
Pourquoi prendre en considération les besoins d’élimination de votre bébé ? Le bébé dépend de ses parents, il a besoin de nous pour survivre, manger, dormir, être au chaud, aimé, porté, touché… Pourquoi évincer de cette liste son besoin tout aussi important d’élimination ?
Ce n’est pas évident de remettre ce sujet en question. En France nous avons pris l’habitude de nous occuper de ce besoin en mettant des couches à notre bébé. C’est ce qui est préconisé depuis de plusieurs générations par les professionnels qui soutiennent et informent les parents et les collectivités accueillant les bébés. Nous verrons en détails pourquoi et comment s’est instauré cette certitude au sein de la population dans le texte intitulé « Pourquoi penser que les couches sont indispensables ? ». Disons pour résumer qu’à l’époque certains parents utilisaient des méthodes coercitives pour apprendre la propreté aux bébés. Le Docteur Brazelton, sensibilisé à la cause, a milité pour les remplacer par une approche plus douce qui suit le rythme de l’enfant. En effet certains parents optaient pour des méthodes très discutables pour rendre leur bébé « propre ». Rappelons-nous juste qu’il y avait par ailleurs des familles qui ne faisaient rien de tout cela, pour qui tout allait bien. Par la suite ce discours plus respectueux des bébés a été récupéré comme approche publicitaire par les vendeurs de couches jetables : les campagnes marketing, les valisettes remises dès la maternité, les marques qui fournissaient la maternité en couches pour accueillir les nouveau-nés, les formations de professionnels qui ont largement véhiculé cette pensée. Et les parents de bébés en crèche s’en remettent rapidement aux professionnels de la crèche pour savoir quoi faire avec leur bébé, et c’est la méthode Brazelton (largement diffusée en France par Laurence Pernoud auprès des parents) qui a été largement adoptée. Cette avancée pour le respect du rythme de bébé a eu aussi le travers de rallier tous les parents sous la méthode Brazelton alors que de nombreux parents répondaient sans coercition aux besoins de leur bébé : ils les positionnaient au-dessus de l’évier ou du lavabo avant de les mettre au bain, au moment du change… sans forcer, sans blesser, sans pression psychologique, juste le bon sens. Ils voyaient leur bébé qui allaient faire et plutôt que de le laisser se faire dessus, ils lui permettaient de se soulager à un endroit adapté. Ces parents ont également été pris entre deux feux : d’un côté l’éloquence de docteurs qui se positionnent en expert qui sait ce qui est bon pour leur enfant et qui expliquent que faire autrement que ce qu’ils préconisent revient à violenter le bébé, et d’un autre l’évidente bienveillance qu’ils éprouvent vis-à-vis de leur enfant qui a l’air de le vivre sereinement. Seulement l’incitation publicitaire à être de bons parents en optant pour les couches jetables n’a pas tardé à faire effet et les mémoires ont petit à petit glissé vers l’impératif d’utiliser des couches jetables, d’autant que le côté pratique des lavables quand les parents en ont eu marre des lessives de langes a eu un écho très pertinent dans les familles.
Aussi dorénavant et depuis longtemps nous entendons que nous devons attendre les 18 mois d’un enfant, qui sont devenus progressivement 2 ans, puis maintenant le 2,5 ans voire 3 ans (pour être prêt pour la maternelle), pour commencer à accompagner bébé vers le pot, les toilettes.
Cette méthode a clairement permis à de nombreux bébés de ne plus souffrir. Il y avait dorénavant une conduite à tenir, avec des repères clairs et un comportement à adopter en fonction. Cette méthode aide encore maintenant de nombreux parents, et les bébés sont moins malmenés.
Depuis, plusieurs pédopsychiatres et psychologues ont avancé dans leurs recherches et ont beaucoup enseigné sur la théorie de l’attachement.
On se retrouve avec des personnes sur plusieurs générations qui ont parfois du mal à s’y retrouver et qui ont des conseils voire subissent des pressions contradictoires de leur entourage : « comment ça il ne va pas encore sur le pot ? Le mien était déjà propre à son âge ! », « Mais tu le mets déjà sur le pot ? C’est bien trop tôt, il ne monte pas encore bien les escaliers, tu vas le traumatiser », « Il n’est pas propre encore ? Tu t’y es mal pris, c’est évident, là il a du retard. », « tu es bien trop pressée, c’est dangereux de le mettre si jeune sur le pot ». C’est à nouveau aux parents qu’on demande une chose et son inverse à la fois.
En tant que parent, quand vous entendez une information, je vous invite à prendre du recul, à envisager les différentes positions des uns et des autres, et à expérimenter en douceur ce qui semble vous convenir à vous et votre bébé. Vérifiez que le développement de bébé correspond à peu près au développement observé chez d’autres bébés, qu’il semble aller bien. Et vérifiez également que le choix effectué vous convient (pas trop de fatigue, de pression). Vos choix évolueront progressivement avec bébé : bébé comme parents peuvent en venir à préférer autre chose en fonction de l’évolution de bébé, de la situation familiale.
Alors y a-t-il vraiment un âge pour commencer à s’occuper de ce besoin ?
Pour résumer, chaque parent fera de son mieux, et ce sera très bien ainsi 😊 Et je le redis, faciliter l’acquisition de la continence (que ce soit avec l’HNI ou avec « l’accompagnement vers la continence » (définition ci-dessus)) n’est pas une méthode. Les parents s’échangent des astuces, des témoignages, et ensuite chaque famille fait à sa façon, en s’adaptant à sa situation et aux personnes impliquées. Être serein avec ce qu’on entreprend, parce que l’harmonie de votre famille est bien plus essentielle que les préjugés de votre entourage.
A noter que c’est le bébé qui engage la communication avec son entourage, même tout petit. Par exemple un bébé va demander la répétition de certains sons, mots, mimiques du visage, etc en souriant ou rigolant à chaque fois qu’on le fait. Il n’aura pas de réaction sur les autres moments. Le parent répète alors ce qu’il faisait, bébé sourit ou rigole à nouveau, et on recommence. Le message a été transmis, bien reçu, et le parent a répondu à bébé qui continue ainsi de communiquer. C’est ainsi que l’entourage va favoriser la petite voix aigüe, telle ou telle chanson, le petit jeu « coucou-caché » derrière ses mains, etc. Et puis un jour bébé ne réagit plus, alors on teste autre chose, et ce qui le fait réagir ce sont telle ou telle comptine, tel ou tel mouvement de la bouche, etc. Alors l’entourage évolue, s’adapte, et bébé guide cette évolution, et nous suivons.
Un bébé peut demander le pot, le refuser, rester neutre, l’exiger. Quand un bébé pleure tout son saoul jusqu’à ce qu’il soit sur le pot et qu’il se calme très vite une fois qu’il y est, et ça arrive de temps à autre. Quand un bébé bascule son corps sur l’arrière et soulève ses fesses, il ne peut donc pas être en position de faire pipi ou caca (position accroupie), il signifie que ce n’est pas ce qui l’intéresse. [Petite digression, j’ajoute ici que si bébé se tend ainsi quasiment à chaque fois, et a du mal à s’arrondir du dos quand on le porte il reste droit, il s’agit parfois dans ce cas d’un bébé qui a un souci digestif ou autre et qu’un ostéopathe peut être aidant à ce sujet]. Quand bébé affiche une mine soulagée, découvre ses pieds quand il est en position accroupie, babille, ne cherche pas à s’en aller, à changer de position, il montre que cette position lui convient ou le soulage. Ce n’est pas exhaustif, j’espère que vous voyez que bébé interagit et est moteur.
- Le plus propice pour bébé m’a l’air d’être entre 0 et 6 mois pour commencer, mais c’est parfois le moins propice pour les parents.
Pour bébé, c’est le moment où il communique sans filtre, où la connexion est forte et c’est souvent le moment où on sera un peu tranquille avec bébé. Proposer le pot à un nourrisson qui fait des « coliques » peut aussi grandement le soulager.
Le portage à bras ou avec l’aide d’un système de portage va faciliter aussi cette communication, on le verra plus tard quand on parlera des signes que bébé montre.
Cependant les parents peuvent être complètement épuisés. L’allaitement a pu être long ou compliqué à mettre en place, bébé a pu avoir quelques soucis de digestion, ça a été compliqué de trouver le lait le plus adapté s’il est au biberon. Et les nuits sont courtes, les soucis dans le couple peuvent s’ajouter car l’arrivée d’un enfant change l’organisation. La vie a continué et parfois bébé est en crèche ou chez la nounou, le besoin de reprendre rapidement le travail pour subvenir aux besoins de la famille. Un des parents a souvent déjà repris le travail en laissant une charge mentale importante à l’autre aussi.
Le quotidien affiche des priorités qui sont peu compatibles avec le fait de s’occuper du pot pour bébé, d’autant que la société considère qu’un bébé porte des couches à cet âge. Donc pour le parent qui se lance à proposer c’est souvent incompréhensible pour son entourage.
Et parfois on est disponible, bébé a trouvé son rythme et il concorde à celui des parents. Si on a la possibilité de proposer à bébé, pas forcément depuis la naissance mais dans les mois qui suivent, une fois que le sommeil, l’alimentation, la santé, sont bien posées, ça m’apparaît comme une bonne opportunité. C’est un compromis intéressant car bébé va communiquer et ça peut aider son transit aussi.
- De 6 à 18 mois, bébé pourra s’être éloigné de ses ressentis donc la communication au sujet du pot sera différente à mettre en place, et toujours possible.
Bébé n’a plus forcément bien conscience de ce qui se passe au niveau de son entrejambe, ce n’est pas toujours le cas mais c’est généralement ce qu’on constate. Bébé a développé sa communication, et son corps a d’autres capacités physiques. Pour certains parents c’est plus simple car bébé semble plus actif dans la relation, et le portage est encore très utilisé. En effet, si on a du mal à la naissance à se connecter à bébé suite à un souci au moment de l’accouchement, ou parce que le lien a du mal à se mettre en place, ou pour des raisons physiques aussi, etc alors c’est une période où le lien peut être renforcé : le parent a l’impression que bébé interagit plus et il se sent alors plus à l’aise pour communiquer. Comme bébé a développé sa morphologie, c’est aussi une période plus active : des jeux physiques plus visibles qui engagent tout son corps et sur lesquels il se concentre, surtout vers les 9 mois quand il a un fort développement moteur. Le bébé paraît moins fragile et les parents se sentent quelquefois plus à l’aise pour le manipuler également. Le parent est plus ou moins disponible selon les familles : certains travaillent, avec un lieu d’accueil pour bébé qui est sensible ou pas à la démarche, d’autres sont à la maison et sont plus ou moins disponibles selon s’il y a un travail à distance, une fratrie à gérer, des soucis du quotidien à prendre en charge, etc. Et souvent aussi la fatigue est encore très présente. Bébé reste encore très intéressé par le pot, est capable de retrouver ses ressentis relativement rapidement.
- De 18 mois à la continence : le parent a plus de disponibilités, il peut être pleinement présent et vraiment faciliter l’arrivée du pot dans le quotidien de bébé.
L’entourage est compréhensif, c’est la période toute indiquée, donc il y aura plus de soutien. Pour une grande partie des enfants c’est assez long de retrouver ses ressentis, et ils n’ont pas forcément l’idée de les communiquer. Ils ont également développé une autre conscience de leur corps et de ce qui les entoure. C’est aussi une période durant laquelle l’imitation de ses paires l’aidera à évoluer. C’est un peu comme avoir mis un bandage sur une partie de son corps pendant des années, et retirer le bandage : ça se fait en douceur, et bébé est attentif à ses ressentis. Cette zone du corps va se sensibiliser à nouveau, et bébé va se découvrir, voir quelles sont ses capacités, essayer de comprendre ce qui se passe, etc. Le parent sera alors présent pour expliquer, aménager les habits et l’environnement, rassurer, valoriser, etc. Certaines familles sont plus à l’aise avec cette phase, parce que la communication est plus simple pour eux.
Est-ce que c’est indispensable que les rythmes de bébé, des parents, de la société… coïncident et viennent se calquer ?
On peut à l’évidence voir que chacun s’adapte, ajuste son comportement, fait preuve de souplesse. Et plus les parents seront informés qu’ils ont un choix plus large que ce qui leur est habituellement présenté, c’est-à-dire de la naissance à la continence et non de 18 mois ou 2 ans à la continence, plus ils pourront opter pour une solution plus adéquate. Communiquer à ce sujet est indispensable.
Respecter au mieux les rythmes de chacun, dans ce système qui nous pousse à envisager les rapports entre parents et enfants sous l’angle d’un calendrier, de méthodes à appliquer, de rapports de force à établir… et bien se recentrer sur les besoins d’un bébé, d’une famille, et c’est indispensable d’apporter du soutien, de l’écoute.
Ce qu’on peut remettre dans le commun serait de respecter les choix de chacun, d’envisager des solutions facilitant la vie des familles.
Le pourcentage important de bébé incontinents passés la période présumée classique d’acquisition de cette continence reflète néanmoins un mal-être, une incohérence quelque part. Scientifiques, professionnels, parents se questionnent et ensemble il serait peut-être intéressant de comprendre les enjeux de chacun, de sortir des clivages habituels, et de voir les solutions qu’on peut apporter.
|