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Accoucher sur plusieurs jours
 

A l'heure actuelle, tout nous porte à croire que l'accouchement est un événement qui arrive d'un coup. La maman perd les eaux, ou ressent la douleur intense des contractions, et c'est le top départ pour accoucher.
Et si cet instant était envisagé dans une continuité, dans une suite de moments du quotidien. Bébé ne grandit pas d'un coup dans notre ventre, n'apprend pas à marcher ou parler en un jour,... notre vie est un déroulement qui nous amène à un instant qu'on notera plus précisément qu'un autre. Alors si nous pouvions accoucher sur plusieurs jours ?

C'est ce que j'ai vécu pour mes 4 accouchements. Plus le bébé pèse lourd, plus mon ventre devient difficile à porter, plus je visualise la descente de mon bébé. Mon périnée se détend, s'apaise, se prépare. Lors d'une séance de sophrologie avec la sage-femme qui m'a accompagnée, une très belle image m'a été donnée : le col est une fleur de lotus qui s'ouvre, pétale par pétale, pour délivrer la vie. Alors au fil des jours qui me rapproche de la rencontre avec mon bébé, je prend conscience que mon ventre se détend, mon utérus, mon vagin, mon périnée, se laissent envahir par la douceur, la chaleur, et entament la danse qui donnera naissance dans peu de temps. Mes muscles s'apaisent, acceptent le processus en cours avec bonheur, comme une évidence d'un très beau moment à venir.
Je continue de mener ma vie quotidienne, et je sens parfois mes muscles qui accentuent le rythme, une faible douleur venir. Je l'observe, je sais qu'elle va passer, qu'elle ne dure qu'un temps, alors je la laisse venir et repartir. Je respire pour accompagner mes muscles dans cette détente, pour que chaque cellule d'oxygène véhiculée par l'expiration arrive précisément au point douloureux et apaise la tension, relâche la douleur. Puis je reprends mon activité, et si une autre douleur vient, je l'accompagne également et suis ravie de sentir mon corps entrer en action de façon si instinctive, comme tant d'autres femmes depuis toujours. Lorsque la douleur devient douloureuse, que je ne l'accepte plus, je me repose. Il me suffit de quelques minutes. Je retourne ensuite à une activité plus reposante. Les jours se suivent ainsi et les douleurs deviennent profondes, intenses, durent de plus en plus longtemps. Vers les 4 derniers jours, le rythme s'intensifie.

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Je parle avec mon bébé, lui qui ressent tout, qui sait. Une nuit je me réveille, je respire l'odeur de la nuit, paisible, calme. Mon bébé me parle à sa façon, et je ressens l'harmonie de l'instant. Un dialogue s'installe : "Je suis prête si tu veux sortir, je serais ravie de t'accueillir maintenant", et mon bébé de répondre à sa façon, en s'inscrivant intensément dans le processus de sa naissance. La rythme de la douleur s'accentue, la valse gagne en puissance. Les 5-6 premières contractions sont intenses et la douleur est belle, nous indique que bébé sera bientôt là. Puis 2-3 contractions s'ensuivent, la douleur devient insupportable, je me sens envahie de doutes, de peurs. Dans le même temps, je prends conscience que c'est aussi le signal auquel mon corps va répondre en poussant, que bientôt je verrais mon bébé, je pourrais le sentir, le toucher, et cette prise de conscience fait disparaître la douleur. Je me sens prête à te donner naissance, et toi tu es prêt pour voir le jour. Alors en douceur, dans le respect du moment que nous vivons ensemble, j'accompagne ta naissance. Mon périnée ne se déchirera pas, je ne vais pas pousser, essayer de te faire passer en force ou accélérer ce moment précieux. Tu sors lentement vers les mains de ton père. La tête, les yeux, le nez, la bouche, puis les épaules, le ventre, te voilà lové dans les grandes mains de ton papa. Et je te découvre en même temps, te prends contre moi, et tu observes, sans bruit, tous tes pores attentifs, tes sens en éveil. Ta naissance aura duré 1 heure, le temps surtout d'alumer le poêle à bois, de nous installer, de préparer ton accueil.

Accoucher de chacun de mes enfants a été un grand bonheur, une vague d'amour intense, un bijou de la vie.

Je vous souhaite d'accoucher dans le respect de notre savoir ancestral et dans le respect de la vie à naître !

le 23 mars 2011